Projet

Tour Bastion

Tour Bastion

La tour Bastion, située à la charnière urbaine que représente la place de Namur, revêt le rare statut de « Landmark », repère au sein de l’agglomération de Bruxelles.
Ce statut exceptionnel tient, d’une part, à sa localisation, d’autre part, à ses qualités intrinsèques.

Une localisation remarquable.

Le square du Bastion marque l’entrée du quartier Nord d’Ixelles, le ‘’haut de la ville’’ et le ‘’second centre-ville’’ de Bruxelles, ainsi que les Bruxellois en réfèrent.
Son appellation, qui renvoie au bastion érigé au XVIIIème siècle pour défendre la Porte de Namur, correspond à sa position morphologiquement stratégique.
Cet aspect est confirmé par sa configuration topographique, qui correspond au point haut de l’avenue de la Toison d’Or et de l’avenue Marnix, où elles se rencontrent, Place de Namur.
A cette charnière se joint la rue de Namur qui descend vers la vieille ville et la chaussée d’Ixelles qui monte vers ce quartier commerçant.
Sur ce point, qui concerne la nature des activités urbaines, le square du Bastion représente le noeud à partir duquel se déploient les commerces de la Toison d’Or, de la rue de Namur et de la chaussée d’Ixelles, ainsi que les immeubles de bureaux de l’avenue Marnix : l’une et l’autre de ces activités, de haut de gamme, confirme la position stratégique du square.

Un immeuble remarquable.

En 1965, l’architecte Robert GOFFAUX érigea un immeuble puissant sur ce site d’exception : haut de cent mètres, composé de deux volumes imbriqués l’un dans l’autre selon un angle de 137 degrés, il prend possession du site avec force.
Repère dans le paysage urbain par sa taille, il détermine l’espace public au sol, refermant les faces Nord et Est du square.
Les deux volumes simples qui composent l’ensemble ont été traités avec sobriété et subtilité : rythmés par les lignes verticales de leurs poteaux, les façades, légèrement en retrait par rapport à ceux-ci, prennent vie sous la lumière.
Les poteaux, gainés de pierres blanches, et les allèges, revêtues de pierres d’un blanc/gris bleuté, permettent à la tour d’affirmer sa présence sans ostentation.
Sur cette base de qualité, le traitement du socle et du couronnement a été remanié, en 1995/1998, par l’agence ARTE POLIS, sur un mode post moderniste.
Le socle, sur la hauteur du Rez-de-chaussée et du premier étage, a été totalement revêtu de granit rose foncé : ce dispositif a pour effet de priver la tour de son assise.
Le couronnement a été traité par un chapiteau qui, éclairé la nuit crée une ceinture lumineuse très visible.
L’entrée à l’immeuble, greffée sur le corps du bâtiment secondaire a été marquée par un portique métallique, forme de propylée, et un petit volume complémentaire : peu perceptible, ce traitement ne correspond pas à l’échelle de la tour.
Il en est de même du hall d’accueil lui-même qui ne possède pas une ampleur qui correspond à la taille du bâtiment lui-même, ni au nombre de ses utilisateurs.

Un secteur en mutation.
Aujourd’hui, alors que l’immeuble VASTINT/IKEA, qui détermine le square Bastion sur sa face Sud, fait l’objet d’un projet de rénovation de grande ampleur, le propriétaire de la tour Bastion a décidé de participer à la restructuration de cet espace public dont la tour représente l’emblème.

Objectifs.

Pour ce faire, une étude a été lancée afin de déterminer les moyens de conjuguer renaissance urbaine du square lui-même et amélioration de l’aspect extérieur de la tour.

Principes d’intervention.

Ce double objectif conduit à reconsidérer l’image de la tour en vision lointaine, emblème du square à l’échelle de la Ville, et la perception que l’on en a en vision rapprochée, à l’échelle du quartier
L’approche retenue pour aborder le premier point a consisté à mettre en valeur les qualités intrinsèques de la tour et à remédier aux points qui apparaissent être responsables de son vieillissement.
La qualité première de cet immeuble, et son essence même, réside évidemment dans sa hauteur inhabituelle par rapport au tissu urbain de Bruxelles.
Cette caractéristique essentielle se voit aujourd’hui lourdement pénalisée par le traitement du couronnement et du socle. Interrompant sur sa massivité brune le faisceau des poteaux blancs de façade, le socle prive l’immeuble de son accroche au sol, base de son élancement.
Afin de rendre à la série de poteaux blancs érigés vers le ciel la matière à partir de laquelle entamer leur ascension, nous proposons de mettre en place un socle homogènement blanc.
Pour ce faire, l’ensemble des trumeaux et linteaux compris entre le sol et le plancher du deuxième étage a été revêtu de panneaux en béton fibré (type Ductal), les baies étant refermées par des volumes verriers sérigraphiés blanc : ce dispositif, en légère avancée par rapport au nu de la façade existante, permet d’obtenir la masse blanche nécessaire recherchée.
Pour affirmer l’effet d’élancement et le caractère de matrice du monolithe que représente ce nouveau socle, les quatre angles du volume de la tour ont été revêtus de Ductal : du socle d’origine, ils rejoignent le sommet de la tour pour devenir couronnement dans le respect de la configuration géométrique existante qui présente une inclinaison de vingt degrés par rapport à la verticale.
Cette disposition, retenue en 1998, adoucit le caractère abrupte du quadrilatère originel : le couronnement, orienté vers le sol, relie visuellement la tour à l’activité urbaine.
La nuit, pour affirmer l’élancement de l’immeuble et son impact en tant que repère urbain, les quatre angles du volume principal ont été soulignés d’un trait lumineux qui se déploie sur toute la surface du couronnement.

Hall d’accueil.

L’absence d’un volume d’accueil à l’échelle de la tour, tout comme la béance créée par le tunnel, représentent non seulement un inconvénient pour l’immeuble en terme d’usage et d’image, mais aussi pour l’espace public du square lui-même que seul l’édicule du métropolitain structure aujourd’hui.
Cette vacuité, renforcée par le vide créé par le tunnel qui perce la façade Nord de la tour, rend le square incapable de remplir sa fonction d’accueil privilégié de la vie urbaine.
En conséquence, il nous a paru nécessaire de greffer sur l’entrée de la tour un volume d’ampleur suffisante (ici de double hauteur) capable d’interagir avec l’espace public.
Ce volume permet, par sa présence, de répondre à celle de l’édicule d’accès au métro et de contrebalancer sa pregnance visuelle, aujourd’hui excessive au regard du square lui-même qu’il masque tout particulièrement à partir de l’avenue Marnix.
Il est à noter que le volume d’accès à la tour, parallèle au cheminement conduisant à la galerie commerciale, détermine un point focal en aboutissement du parcours piétonnier matérialisisant ainsi un point d’entrée à celle-ci.

Porche Nord.

Le tunnel qui relie le square à la Place du Champs de Mars, qui accentue l’inconfort dû au vent puissant qui balaie ce secteur, présente, par ailleurs, l’inconvénient majeur de priver le square d’une enceinte continue sur sa face Nord.
Sur un autre plan, scindant le rez-de-chaussée de la tour en deux entités distinctes, il limite le potentiel de celui-ci d’accepter des activités susceptibles de favoriser la vie urbaine du square Bastion.
La réintégration de cet espace au sein de l’immeuble apparait donc être une nécessité dans le cadre de la restructuration urbaine entreprise.
L’ensemble de ces interventions, précisément localisées et pesées, devraient être de nature à insuffler à la tour Bastion une image contemporaine, à moderniser avec discrétion le « Sky Line » de Bruxelles, et à favoriser la vie du square Bastion.

Description

Année : 2016

M.O. :   Groupe Schroders

Localité : Bruxelles