Projet

Jardin Saint-Gobain

 

Jardin Saint-Gobain

Contexte

SAINT-GOBAIN….Ce nom résonne dans les esprits, quasiment légendaire : Histoire, Economie, Sciences s’y mêlent, auréolés de la présence magique du Verre. Venise, Louis XIV, Colbert, bouleversements sociaux et guerres, la capacité d’adaptation de Saint-Gobain apparaît sans égale.

Cette capacité mutante exceptionnelle semble d’autant plus remarquable si l’on considère l’accélération que le monde a subi entre le XVII siècle et aujourd’hui: il peut s’imaginer ce que cela suppose de constance dans l’effort, de détermination, d’énergie, de souplesse et d’intelligence de la part des hommes des générations successives qui ont façonné Saint-Gobain. Il apparaît que le fil conducteur, le fil d’Ariane, de cette mutation réside dans le matériau même sur lequel se sont exercées et concentrées, depuis plus de trois siècles, toutes ces forces humaines : le verre et le potentiel qu’il recèle. Si Saint-Gobain a arraché son savoir faire à Venise, elle a puisé son énergie et sa puissance propres dans la recherche technologique et industrielle. Le passage du verre soufflé, technique multi séculaire, au verre coulé (1688) est révélateur de cet état d’esprit qui privilégie la recherche et l’innovation et se donne pour but de percer les secrets de ce matériau noble, exigeant et rétif et d’en mieux maîtriser la fabrication. Cet esprit qui, au fil des décennies, a conduit le verre à devenir l’emblème de notre époque, demeure : le site d’Aubervilliers en est le cœur. Site: Vaste terrain rectangulaire orienté Est / Ouest, coupé en biais par le quai longeant le canal Saint-Denis, le site est fortement marqué par le bâtiment « Recherche » adossé à sa face Sud qui en accentue la longueur, ainsi que par l’impact des voies de desserte automobiles et des aires de stationnement qui, longeant le bâtiment « Recherche », se retourne en limite de propriété Ouest. Le projet de l’Université prend place à l’Est, face au Canal, laissant ainsi libre un vaste espace central, objet principal de la présente proposition.

Objectif

Concevoir un projet pour une telle Entreprise consiste à en isoler les traits de caractère majeurs et à leur donner forme. A ce titre, nous avons voulu que ce projet évoque l’attitude particulière et constante que nous semble avoir adoptée Saint-Gobain vis à vis du Temps, qui s’apparente à celle de l’homme de sciences ou, plus généralement, du chercheur : reconnaissance du Passé, critique et lucide, et des ses apports, ancrage dans le Présent, absolu et dynamique, volonté, optimiste et déterminée, d’ouvrir les voies du Futur. Par ailleurs, nous avons voulu que cette approche, qui se donne pour but de refléter en terme « d’image de marque » la réalité intime de l’Entreprise aux yeux de l’extérieur, devienne aussi un élément de programme actif, un espace complémentaire mis à la disposition des usagers du site, un élément de confort. Spatialement, nous avons voulu que l’insertion de ces nouveaux espaces plantés au sein des ensembles bâtis, redéfinisse leur rapport à l’intérieur d’un ensemble cohérent. Enfin, comment imaginer un jardin Saint-Gobain sans qu’il n’évoque la matière-mère, le verre ? L’approche a ici consisté à suggérer plus qu’à exprimer : aussi les membres botanistes de l’équipe ont ils travaillés sur des textures végétales s’apparentant aux propriétés du verre : brillance, matité, velouté, capacité à jouer de la lumière, transparence et autres mille effets où monde minéral hyalin et monde végétal se rencontrent.

Projet

Ces prémices posées , le projet global que nous présentons ici peut se décomposer en les éléments suivants :

  • UN ESPACE CENTRAL. Cet espace, orienté Est/Ouest, se compose de deux éléments majeurs :
  • un espace central, introverti, riches d’ambiances diverses, botaniquement précieux, dont l’unique point de jonction avec l’extérieur se situe à l’Est où il vient se greffer à l’Université.
  • une zone périphérique à cet espace qui, telle une écorce protectrice, l’enveloppe et le referme, « forêt impénétrable », écran, écrin.
  • UNE TÊTE DE COMPOSITION. Situé en extrémité Est du terrain, entre l’Université et le Canal, cet espace s’ouvre à l’Université et la referme vis à vis de la voie automobile. Perpendiculairement à l’axe principal Est/Ouest, nous avons traité les deux points d’accès à l’Université afin qu’ils participent au schéma d’ensemble.
  • UNE LISIERE. Il s’agit ici du traitement de la limite séparative Nord que nous retournons en bordure de l’espace central sur sa face Ouest. Cet écran végétal agit en tant que filtre entre le monde extérieur et le territoire de l’Entreprise, sans l’en exclure.
Description précise

Le schéma de principe établi, nous décrivons plus précisément ci-dessous les composantes de chacune des parties. La composition de l’espace central prend pour hypothèse les règles rigoureuses du jardin classique à la Française, référence à l’Histoire et à celle de Saint-Gobain, qui, en accordant le primat au trace géométrique privilégient la Raison. Injecter la Modernité à l’intérieur de ce système hautement hiérarchise, usant de la symétrie, lançant de grands axes rectilignes, nous a conduit à y introduire la notion d’un aléatoire maîtrisé. A cette fin, ce jardin, qui conserve une colonne vertébrale axiale et un réseau orthogonal secondaire voit ceux-ci s’intégrer à une trame circulaire complexe qui en dissipe tout effet statique et insuffle à l’ensemble un caractère fluide, dynamique et organique qui convient à un lieu de parcours déterminé par des végétaux vivants. Ce principe général a été circonscrit à l’intérieur d’un périmètre ovale, forme géométrique intériorisée, matérialisé par un mur d’eau dont les effets acoustiques et les jeux de lumière lui transmettent un caractère immatériel qui en adoucit les contours. Recueillie au pied de cette cascade, cette eau pétulante emprunte ensuite un réseau de canaux ponctué de bassins où, calme, elle accueille des végétaux aux larges ramures, opulents et paisibles. Pour conforter encore le caractère immatériel de cette frontière, une série de « paravents » en verre argenté, émaillé et, équipés de cellules photovoltaïques, lumineux, viendront prendre place au sommet de la cascade. L’axe central, qui prend naissance à l’Est, face à la verrière de l’université se voit ponctué de sept espaces circulaires traités en topiaires qui rythment le parcours et rompent la perspective : ayant pour origine une demi sphère parfaite, ces topiaires sont ensuite sculptées selon le tracé géométrique qui sous-tend le jardin.

Une place a été implantée à proximité de l’entrée du jardin, non loin de l’université afin de mettre à la disposition des usagers un espace susceptible d’accepter des manifestations ou réceptions diverses. Six chemins secondaires se greffent de part et d’autre de cet axe, qui aboutissent chacun à des espaces « construits » où pourront être développées les qualités structurelles du verre : pergolas, paravents, lieux de pause et de détente en contact avec le bruissement de la cascade. Des chemins tertiaires, à l’apparence hasardeuse bien que résultant du tracé de fond, forment un écheveau de capillaires favorables à la flânerie et à la curiosité botanique. Ce fin réseau détermine trois zones principales de plantation qui se caractérise chacune par leur fond tapissant homogène de teinte spécifique, d’où émergent des sujets au port plus développé. L’imbrication de ces trois zones a pour objet de créer un premier niveau de lecture au caractère pictural : les espèces retenues, qui permettent de modeler le relief, persistantes, voient, immuables, se dérouler les saisons et apparaître, après la chute des feuilles, les ramures et les fûts de leurs hôtes. Impénétrable, légèrement surélevée par rapport au terrain naturel, la gangue de cet espace central, son écrin aussi, forme un rectangle. Délimité par un muret à la teinte minérale, cet espace accueille une masse végétale dense, persistante, composée de plantes s’apparentant aux bambous, souples et légères, bruissantes sous le vent. L’espace compris entre la façade Est de l’Université et le Canal, nous l’avons vu, s’ouvre, d’une part, à l’Université par une pelouse accessible et se ferme, d’autre part, à la circulation par une haie taillée le long du quai. Comprise entre ces deux espaces, une série de groupes de pins intervient comme un rempart défensif complémentaire. Un bassin circulaire vient ponctué l’axe principal et relier visuellement le Canal au site. Le traitement de la lisière Nord fait appel à des arbres au développement moyen et à croissance rapide, que nous avons souhaité sans caractéristiques extraordinaires ou inhabituelles afin qu’ils s’intègrent naturellement à l’environnement alentour. Ce long écran se retourne vers le Sud pour longer la face Ouest du jardin central et le mieux refermer sur lui-même. Dans cette phase du projet, un certain nombre d’éléments le composant ne peuvent être décrits; ainsi en est-il de la mise en lumière, particulièrement du jardin principal, ainsi que de la nature exacte des matériaux mis en œuvre, qui peuvent y être associés : à titre d’exemple les chemins pourront être revêtus de dalles de verre sous lesquelles serait intégré un éclairage changeant, variable selon des critères à déterminer : température, luminosité….. Réaliste et maîtrisable, ce projet, qui donne sur le plan « urbanistique », une cohérence générale à l’ensemble du site, et apporte un élément de confort et d’agrément complémentaire à ses utilisateurs, devrait pouvoir répondre aussi aux aspirations qu’une

Entreprise telle que SAINT-GOBAIN peut attendre en terme d’image de marque.

Description

Année : 2005

Promoteur : Saint Gobain

Localité : Paris

 

Aménagement paysager : Ambiance botanique